« Aucune voix ne meurt, tant qu'il reste une personne pour l'entendre » (Elie Wiesel)

Publié le par verite-chenac.over-blog.com

Comment, pour faire taire un jeune, on peut laisser remonter à la surface le pire épisode de notre histoire ?

 

Il était venu, comme beaucoup, pour soutenir sa mère dont on allait voter la destitution de 2ème adjointe, le 18 octobre, dans notre mairie, de manière parfaitement injuste et sans qu'aucune raison n'ait été avancée.

Comme beaucoup, mais plus que d'autres, choqué – on le serait à moins- en fin de réunion par cette séance inouïe.

Comme si cela ne suffisait pas, dans la salle du conseil envahie par le public une fois la chose faite, un certain nombre de personnes ont pu voir et entendre Mme M.F., présidente des Aînés Ruraux et proche de Mme Moreau, se ruer sur Olivier Delaunay. Il raconte :

 

« Je n'aurais jamais soupçonné une telle méchanceté. Alors que j'avais crié mon désespoir aux conseillers qui s'étaient prêtés à ce tribunal de fortune, sans d'ailleurs qu'aucun ne daigne croiser mon regard, elle s'est approchée de moi (très près) et m'a craché ces mots dont je ne corrige rien. Ils sont gravés dans ma mémoire : « Petit merdeux, c'est à cause de gens comme toi qu'on a envoyé des juifs dans les camps de concentration ; c'est des gens comme toi qui les dénonçaient, des gens comme toi qui ont tué leurs voisins ! Petit collabo ! » Stupeur, engourdissement de mon corps tout entier. Un mauvais rêve ? Je secoue la tête : non, je suis toujours en face d'elle, de son visage creusé par la haine. Je n'ai pas su répondre. Que faire ? Se justifier ? Absurde. L'insulter à mon tour ? Pas mon genre. Lui mettre ma main dans la figure ? Impensable. Je suis sorti fumer une cigarette... »

 

Cela se passait le 18 octobre 2010, à Chenac St Seurin d'Uzet, dans une salle de la République, au conseil municipal, en principe garant des valeurs républicaines, en présence de nombreuses personnes, dont des élus. Mots adressés par une aînée rurale à un jeune.

 

Précisons qu'Olivier anime bénévolement pour la commune des ateliers d'anglais pour les petits deux heures par semaine depuis l'année dernière.

 

« Je veux simplement dire deux choses, tient-il à ajouter. A Niort, il y a une rue, elle s'appelle rue Alphonse Delaunay. Alphonse Delaunay est mon arrière-grand-père. Il était instituteur dans les Deux-Sèvres et résistant. Il est mort à Dachau, loin de sa famille, loin de chez lui. Sa légion d'honneur est toujours chez nous.

Il y a quatre ans, avec mon lycée, nous sommes allés lors d'un voyage dans le temps (ou plutôt hors du temps), visiter les camps d'Auschwitz en Pologne. Le voyage le plus éprouvant qu'il m'ait été donné de faire, dont l'expérience restera vive en moi. Mes enfants entendront ces deux histoires, ainsi que leurs enfants, pour que jamais ne s'éteigne, dans ma famille, le souvenir de ces cinq ans où l'enfer est remonté à la surface de la terre, sur notre vieux continent. 

Aujourd'hui, de retour à Bordeaux, dans mon appartement, entouré de mes amis, ces mots résonnent encore dans ma tête et je réfléchis au bon moyen de les faire taire.

Les gens de ce village ne méritent pas ca... »

 

C'est un jeune homme de 20 ans qui parle.

Certains conseillers déplorent l'image donnée de notre commune et de ses élus.

En effet.

 

Et jusqu'où va-t-on repousser les limites de l'ignominie avec le silence de la mairie ?

 

Le Collectif Vérité Chenac-St-Seurin d’Uzet

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